Quand on réserve un bien ou un service, il est fréquent de devoir verser une somme d’argent à l’avance. Mais cette avance est-elle remboursable ? Engage-t-elle les deux parties de la même manière ?
En France, la distinction entre arrhes et acompte est essentielle pour éviter toute mauvaise surprise. L’un permet de se rétracter en contrepartie d’une perte financière, tandis que l’autre implique un engagement ferme. Quels sont les droits des consommateurs ? Comment calculer le montant des arrhes ? Que dit la loi sur le sujet ? Cet article vous explique tout ce qu’il faut savoir, sans jargon inutile.

Sommaire
Qu’est-ce que des arrhes ?
Le mot arrhes désigne une somme d’argent versée à l’avance lors de la conclusion d’un contrat de vente ou de prestation de services. Cette somme représente un gage, qui offre à chaque partie une faculté de rétractation : l’acheteur peut annuler son achat en perdant les arrhes, tandis que le vendeur doit les rembourser au double s’il se désiste.
Origine et définition juridique
Le terme arrhes vient du latin arra et du grec arrhabon, qui désignaient une garantie donnée en début de transaction. En droit français, les arrhes sont encadrées par l’article 1590 du Code civil, qui stipule que si un contrat prévoit des arrhes, l’une ou l’autre des parties peut se rétracter sous certaines conditions financières.
Le rôle des arrhes dans un contrat
Les arrhes sont souvent utilisées dans :
- La réservation d’un bien (hôtel, location de vacances, véhicule…)
- Les services personnalisés (événements, restauration, artisanat…)
- Certains contrats de vente, notamment pour des biens d’occasion
Contrairement à un acompte, qui engage fermement les deux parties, les arrhes laissent une liberté contractuelle mais impliquent un coût en cas d’annulation.
Quels sont les effets concrets pour l’acheteur et le vendeur ?
- L’acheteur qui se rétracte perd la somme versée.
- Le vendeur qui annule doit rembourser le double des arrhes à l’acheteur.
- Si rien n’est précisé dans le contrat, les sommes avancées sont considérées comme des arrhes par défaut.
Exemple d’utilisation
Un client réserve une chambre d’hôtel pour 200 euros en versant 50 euros d’arrhes.
- S’il annule, il perd ces 50 euros.
- Si l’hôtel annule, il doit lui rembourser 100 euros (le double).
En revanche, si la réservation mentionne un acompte, l’hôtelier peut exiger le paiement intégral ou des dommages et intérêts.
Quelle est la différence entre arrhes et acompte ?
La confusion entre arrhes et acompte est courante, mais ces deux notions ont des conséquences juridiques bien distinctes. Si elles impliquent toutes les deux un versement anticipé, elles ne garantissent pas le même niveau d’engagement pour l’acheteur et le vendeur.
Engagement contractuel : arrhes vs. acompte
Lorsqu’un contrat de vente prévoit un paiement anticipé, il peut s’agir :
- D’arrhes : une somme versée en guise de garantie, permettant une rétractation avec compensation.
- D’un acompte : un paiement partiel du prix total, qui engage les deux parties à respecter le contrat jusqu’à son exécution complète.
📌 Conséquence principale :
- Avec des arrhes, chacun peut annuler la transaction en assumant une perte financière.
- Avec un acompte, l’engagement est ferme : si l’acheteur se rétracte, il peut être contraint de payer la totalité du prix.
Tableau comparatif des arrhes et de l’acompte
Critère | Arrhes | Acompte |
---|---|---|
Engagement | Réversible : chaque partie peut se rétracter en assumant un coût | Irrévocable : les deux parties sont obligées d’aller au bout du contrat |
Conséquence si l’acheteur annule | Perd la somme versée | Peut être contraint de payer l’intégralité du prix |
Conséquence si le vendeur annule | Rembourse le double des arrhes | Peut être poursuivi pour rupture de contrat |
Mention obligatoire dans le contrat ? | Non, les paiements anticipés sont considérés comme des arrhes par défaut | Oui, il faut préciser qu’il s’agit d’un acompte |
Exemples courants | Réservations d’hôtels, locations saisonnières, prestations de service | Achats de biens immobiliers, commandes sur mesure, véhicules |
Quel choix faire entre arrhes et acompte ?
Le choix dépend du degré d’engagement souhaité :
- Si vous voulez garder une marge de manœuvre, privilégiez les arrhes.
- Si vous êtes certain de votre achat et souhaitez un engagement réciproque, optez pour un acompte.
Dans certains secteurs, les arrhes sont plus adaptées (voyages, locations de vacances), tandis que dans d’autres, l’acompte est la norme (achat immobilier, commandes spécifiques).
Exemple concret
Un client achète un canapé sur mesure pour 1 500 euros :
- S’il verse 300 euros d’arrhes, il peut changer d’avis et ne perdra que cette somme.
- S’il verse un acompte de 300 euros, il devra payer la totalité, même s’il annule.
Comment fonctionnent les arrhes ?
Les arrhes sont un paiement anticipé qui permet à l’acheteur et au vendeur de se rétracter sous certaines conditions. Leur fonctionnement repose sur des règles simples mais précises, qui influencent les droits et obligations des parties en cas d’annulation.
Versement et encaissement des arrhes
Les arrhes sont généralement versées lors de la signature du contrat ou au moment de la réservation. Elles peuvent être réglées par espèces, virement ou chèque. Si le paiement est fait par chèque, le vendeur a le droit de l’encaisser immédiatement.
📌 À retenir : En l’absence de mention spécifique, toute somme versée à l’avance est considérée comme des arrhes par défaut (article L.214-1 du Code de la consommation).
Impact des arrhes en cas d’annulation
Les arrhes donnent une liberté de rétractation mais avec une conséquence financière pour celui qui se désiste :
- L’acheteur annule la commande → Il perd les arrhes versées.
- Le vendeur annule la vente → Il doit rembourser le double des arrhes à l’acheteur.
Exemple concret :
Un client verse 100 euros d’arrhes pour réserver une table dans un restaurant gastronomique.
- S’il décide d’annuler, il ne récupère pas ces 100 euros.
- Si le restaurant annule sa réservation, il doit lui rembourser 200 euros.
Cas particuliers et exceptions
Il existe des situations spécifiques où le remboursement des arrhes peut être différent :
- Annulation pour force majeure (exemple : catastrophe naturelle, décès) → possibilité de récupérer les arrhes.
- Contrats encadrés par des règles spécifiques (exemple : vente immobilière, mariage) → certaines clauses peuvent modifier l’application des arrhes.
- Mention d’un acompte dans le contrat → Si le contrat parle d’un acompte et non d’arrhes, l’acheteur et le vendeur sont engagés jusqu’à l’exécution complète du contrat.
Montant des arrhes : libre ou réglementé ?
Le montant des arrhes n’est pas fixé par la loi, mais il est souvent compris entre 10 % et 30 % du prix total. Il peut être défini par un accord entre les parties, et il est recommandé de préciser ce montant par écrit pour éviter tout litige.
📌 À noter : Dans certains secteurs comme la location saisonnière, les arrhes sont souvent obligatoires pour garantir une réservation.
Quels sont les droits liés aux arrhes ?
Lorsqu’un acheteur verse des arrhes, il dispose de droits spécifiques, tout comme le vendeur. Ces droits sont encadrés par la législation française, notamment par le Code civil et le Code de la consommation. Ils définissent les règles en cas d’annulation, de remboursement et de litige.
Droit de rétractation et annulation
Les arrhes permettent une annulation sans justification, mais impliquent des conséquences financières :
- L’acheteur peut se rétracter, mais il perd la somme versée.
- Le vendeur peut annuler la vente, mais il doit rembourser le double des arrhes.
📌 Cas spécifique : Si aucun contrat ne précise la nature du paiement, toute somme avancée est considérée comme des arrhes par défaut (article L.214-1 du Code de la consommation).
Les arrhes sont-elles remboursables ?
En principe, les arrhes ne sont pas remboursables, sauf dans certains cas particuliers :
- Clause contractuelle prévoyant un remboursement → Si le contrat précise que les arrhes peuvent être restituées en cas d’annulation, alors cette règle s’applique.
- Annulation pour force majeure → Une situation exceptionnelle (catastrophe naturelle, décès, maladie grave) peut donner lieu à un remboursement des arrhes.
- Délai de rétractation applicable → Certains contrats bénéficient d’un droit de rétractation légal (notamment les ventes à distance et les crédits à la consommation).
Litiges et recours en cas de problème
Si l’une des parties ne respecte pas ses obligations, l’autre peut engager un recours juridique :
- Mise en demeure envoyée par courrier recommandé avec accusé de réception.
- Saisie du tribunal compétent (tribunal de proximité, tribunal judiciaire ou instance spécialisée selon le montant en jeu).
- Demande d’injonction de payer en cas de litige financier.
📌 À retenir : Si un vendeur refuse de rembourser le double des arrhes, l’acheteur peut saisir la justice pour exiger son dû.
Arrhes et protection du consommateur
Les arrhes offrent une protection aux consommateurs dans certains secteurs :
- Réservations hôtelières et locations saisonnières → Obligation pour le professionnel de respecter les conditions du contrat.
- Achat de biens ou services en ligne → Application possible du droit de rétractation selon la nature du produit.
- Contrats de prestation de services → Mention obligatoire des conditions d’annulation et des arrhes dans les devis et contrats.
Comment calculer le montant des arrhes ?
Le montant des arrhes n’est pas fixé par la loi et varie en fonction du type de contrat et des usages du secteur. En général, il représente un pourcentage du prix total, permettant d’engager les parties tout en laissant une marge de manœuvre en cas d’annulation.
Quel pourcentage appliquer ?
Le montant des arrhes est généralement compris entre 10 % et 30 % du prix total. Ce pourcentage dépend de plusieurs facteurs :
- Le secteur d’activité : En hôtellerie ou en location saisonnière, il est courant de demander 20 % d’arrhes. Dans le commerce de biens d’occasion, il peut être plus faible.
- Le risque d’annulation : Plus la prestation est personnalisée ou coûteuse, plus les arrhes sont élevées pour dissuader les annulations.
- Les pratiques commerciales : Certains vendeurs choisissent d’augmenter les arrhes pour garantir un engagement plus sérieux du client.
📌 Exemples de montants courants :
Type de transaction | Montant des arrhes recommandé |
---|---|
Réservation d’un hôtel | 10 % à 20 % du prix total |
Location saisonnière | 20 % à 30 % du prix total |
Achat de véhicule d’occasion | 5 % à 15 % du prix total |
Organisation d’événements | 30 % du prix total ou plus |
Comment déterminer un montant juste ?
Il est recommandé de calculer les arrhes en fonction du préjudice potentiel en cas d’annulation. Un montant trop bas peut ne pas suffire à compenser les pertes, tandis qu’un montant trop élevé pourrait dissuader les clients.
📌 Cas concret : réservation d’un séjour en location saisonnière
- Prix total du séjour : 1 000 euros
- Arrhes demandées : 30 % → soit 300 euros
- Si l’acheteur annule, il perd 300 euros
- Si le loueur annule, il doit rembourser 600 euros
Que faire en cas de désaccord sur le montant des arrhes ?
Si aucune mention claire n’apparaît dans le contrat, la somme versée à l’avance est automatiquement considérée comme des arrhes (article L.214-1 du Code de la consommation). En cas de litige, l’acheteur peut :
- Demander un remboursement si les conditions d’annulation n’étaient pas clairement définies.
- Saisir la justice si le vendeur ne respecte pas l’obligation de rembourser le double des arrhes.
📌 À retenir :
- Les arrhes sont souvent entre 10 % et 30 % du prix total.
- Leur montant doit être clairement indiqué dans le contrat.
- Un professionnel ne peut pas imposer des arrhes excessivement élevées sans justification.
- En l’absence de précision, les sommes versées sont considérées comme des arrhes par défaut.
Quels articles régissent les arrhes ?
Les arrhes sont encadrées par plusieurs articles de loi issus du Code civil et du Code de la consommation. Ces textes précisent les droits et obligations des parties en cas d’annulation, de remboursement ou de litige.
L’article 1590 du Code civil : le texte fondamental
L’article 1590 du Code civil est la principale référence en matière d’arrhes. Il stipule que :
“Si la promesse de vendre a été faite avec des arrhes, chacune des parties est en droit de s’en départir : celle qui les a données en les perdant, et celle qui les a reçues en les restituant au double.”
📌 Ce que cela signifie concrètement :
- L’acheteur peut annuler son engagement, mais il perd les arrhes versées.
- Le vendeur peut aussi se rétracter, mais il doit rembourser le double des arrhes.
- Si le contrat ne précise pas si la somme versée correspond à des arrhes ou un acompte, elle est considérée comme des arrhes par défaut.
L’article L.214-1 du Code de la consommation : la règle par défaut
Dans les transactions avec un professionnel, l’article L.214-1 du Code de la consommation établit que toute somme versée d’avance est présumée être des arrhes, sauf si le contrat précise qu’il s’agit d’un acompte.
📌 Ce que cela implique :
- Si un consommateur verse de l’argent sans mention spécifique, il pourra se rétracter en perdant les arrhes.
- Un vendeur qui ne précise pas s’il s’agit d’un acompte ne pourra pas exiger le paiement intégral en cas d’annulation.
Autres articles pertinents
📌 Cas particuliers où d’autres textes de loi peuvent s’appliquer :
- Location saisonnière et hôtellerie : L’article L.121-17 du Code de la consommation impose certaines obligations sur les conditions d’annulation.
- Droit de rétractation pour les ventes à distance : L’article L.221-18 du Code de la consommation accorde 14 jours pour se rétracter, sauf si les arrhes sont explicitement mentionnées comme non remboursables.
- Litiges et injonctions de payer : L’article 1405 du Code de procédure civile permet d’obtenir une injonction de payer si le vendeur ne respecte pas son obligation de restitution du double des arrhes.
Résumé des principales règles légales
Article | Contenu |
---|---|
Article 1590 du Code civil | Définit le fonctionnement des arrhes (perte pour l’acheteur, remboursement au double par le vendeur) |
Article L.214-1 du Code de la consommation | Toute somme versée d’avance est considérée comme des arrhes par défaut |
Article L.121-17 du Code de la consommation | Règles spécifiques pour les locations saisonnières et l’hôtellerie |
Article L.221-18 du Code de la consommation | Droit de rétractation de 14 jours (sauf pour les arrhes clairement mentionnées) |
Article 1405 du Code de procédure civile | Permet d’obtenir une injonction de payer en cas de litige sur le remboursement des arrhes |
📌 À retenir :
- Article 1590 : la règle générale sur les arrhes.
- Article L.214-1 : toute somme versée est considérée comme des arrhes par défaut.
- D’autres articles peuvent s’appliquer selon le contexte (vente à distance, location, litige…).